vendredi 5 janvier 2018

Conférence animée par Sami Tchak, des échanges riches et animés



Dans le cadre du Festival des Solidarités, autour du thème de l’eau et des solidarités, Sami Tchak, écrivain, philosophe et sociologue togolais, intervenait pour la deuxième fois dans la cité gaillarde, pour animer une soirée-conférence le jeudi 18 novembre dernier.

Fidèle à ses habitudes, l’auteur de "Al Capone le malien" sut capter et captiver son auditoire au travers d’un langage de réalité, de vérité et sans compromis.

Pour l’homme d’un continent soumis tantôt à des sécheresses meurtrières, tantôt à de fortes pluies dévastatrices, l’eau au travers de son parcours, peut aussi bien être un lien entre les hommes qu’une source de conflits qui paradoxalement débouchent le plus souvent sur des solutions source de progrès et de développement.

Cette eau, si inégalement répartie à travers les continents, et dont la gestion à l’échelle mondiale se solde malheureusement assez souvent par des échecs, cette eau qui est comme un chemin pour aller vers l’autre mais qui nous en masque les énigmes, cette eau dont la tentation de la traversée vers un monde qui nous est parfaitement inconnu mais dont on suppose qu’il sera meilleur et qui pour beaucoup s’avère être une fin, un tombeau, cette eau peut se révéler un véritable lieu des illusions et des déceptions.

Un tel discours, direct, lucide, argumenté au travers d’exemples connus ou vécus par le conférencier, ne pouvait laisser l’assistance indifférente et déclencha une série d’échanges tous plus riches les uns que les autres.

Sami Tchak, connu pour ses prises de position, souvent révélatrices d’une vérité qui parfois dérange, répondit point par point à chacune des interpellations en soulignant le fait que cette problématique de l’eau pouvait se résumer en fait à une dualité entre un espace de véritable combat et un lieu de rêve d’un monde meilleur, entre un paradis qui n’existe pas et un enfer qui n’est pas une fatalité.

De quoi faire réfléchir sur nos propres comportements, individuels et collectifs, et la nécessité de penser notre propre avenir en terme de solidarité.

Puis au fil des échanges, ce thème de l’eau déborda sur des thèmes plus généraux comme la place de l’Afrique dans le monde, le rôle de la France dans ce continent, véritable mosaïque, le manque de vision et l’envie de pouvoir…

Des sujets qui ont entraîné des débats intenses, animés et au cours desquels Sami Tchak, en connaisseur avisé de toutes ces problématiques ainsi que des différentes sociétés qui les vivent ou les provoquent, a su, avec une parole passionnée et passionnante, avec sa voix singulière, peindre une Afrique partagée entre poésie et violence, entre cruauté et sensualité, confortant ainsi l’image qu’on lui attribue de l’écrivain le plus hardi et le plus iconoclaste de la littérature subsaharienne.

Quelles que soient les convictions des uns et des autres, chacun est ressorti de cette soirée enrichi des idées et des analyses de l’autre et animé d’une vision plus pragmatique et plus proche de la réalité d’un monde à la fois si loin et si près de nous, mais qui bien souvent, demeure une énigme.

En conclusion, une bien belle soirée de réflexions, d’échanges, de partage et de solidarité.